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mercredi 7 décembre 2016
Votre carte VISA peut être hackée en moins de quatre secondes
MoneyBlogNewz - CC
BY 2.0
Des
chercheurs en sécurité ont élaboré une méthode logicielle permettant, à
partir d'un numéro de carte, de trouver sa date de validité, son
cryptogramme visuel et même le code postal de l'utilisateur.
En 2016, l'e-commerce français devrait
franchir la barre des 200.000 sites de vente en ligne, ce qui
représentera une croissance de plus 16 % par rapport l’année précédent
(source: Fevad). Cette multiplication des sites est une bonne nouvelle
pour l'économie, mais pas vraiment pour la sécurité des moyens de
paiements. Car ces différents sites permettent de manière indirecte de
faire fuiter les données sensibles d'une carte bancaire, tel que son
cryptogramme visuel (CVV).
En effet, des chercheurs en sécurité de la Newcastle
University et de l'University of Kent ont constaté une assez grande
disparité dans la validation des données de carte bancaire. La plupart
demandent le numéro de carte, la date de validité et le CVV. Mais
certains se contentent du numéro de carte et de la date de validité.
D'autres, au contraire, réclament en plus un numéro de code postal. L'étude des chercheurs
montre qu'en connaissant un numéro de carte bancaire Visa, ces
divergences de procédure permettent à un attaquant de deviner tous les
autres données en l'espace de quelques secondes seulement.
Pour y arriver, il suffit de tester méthodiquement les
différentes possibilités sur les différents sites e-commerce. Une telle
attaque par force brute est possible car le nombre de sites et le nombre
de tentatives qu'elles autorisent est assez grand. Ainsi, pour deviner
la date de validité, l'attaquant se limitera aux sites qui ne demandent
que deux données. Il y en a 26 parmi les 400 plus grands sites
e-commerce, ce qui est largement suffisant. Il faut au plus soixante
essais pour la deviner, car la durée de validité d'une carte bancaire
n'excède pas 60 mois, selon les chercheurs.
DR
- Le processus d'un paiement en ligne
Ensuite, pour deviner le CCV, l'attaquant se
concentre sur les sites qui la réclament. Il y en a 291 parmi les 400
plus grands sites e-commerce, dont 266 qui autorisent au moins 6
tentatives. Là encore, c'est largement suffisant. Un millier d'essais
suffisent pour deviner ce petit numéro à trois chiffres. Pour trouver le
code postal, en revanche, c'est plus compliqué. Il faut d'abord
restreindre l'espace de recherche en identifiant le pays d'émission, ce
qui est possible sur des sites tels que www.exactbins.com ou
www.bindb.com.
En France, cela donnerait a priori 6.300 codes postaux à vérifier. C'est
beaucoup, mais possible, car certains sites e-commerce autorisent un
nombre d'essais illimité.
Les chercheurs ont effectué des tests à partir de sept
cartes bancaires Visa. Ils ont développé un logiciel qui automatise les
essais de validation sur une trentaine de sites e-commerce. Résultat: en
partant d'un numéro de carte bancaire, ils réussissent à obtenir toutes
les autres informations en moins de… quatre secondes! Cette méthode est
donc incroyablement efficace.
Une faille systémique
Plusieurs raisons rendent cette faille de sécurité
particulièrement inquiétante. Tout d'abord, il est de moins en moins
compliqué pour un pirate d'obtenir des numéros de carte bancaire. Il
peut se rendre sur le Darkweb où ils sont vendus par lot. Il peut aussi
tenter de les capter dans une foule de gens, grâce à un lecteur NFC. Le
pirate peut aussi essayer de générer des numéros au hasard, grâce à
l'algorithme de Luhn, utilisé pour une validation strictement
mathématique du numéro.
Le second problème est le caractère systémique de cette
faille. Elle ne provient pas d'un bug logiciel, mais de la manière dont
le paiement en ligne est techniquement organisé, avec sa multitude
d'acteurs impliqués: sites e-commerce, passerelle de paiement, réseau de
paiement, établissements bancaires.
Ainsi, ce type d'attaque par force brute pourrait être évité si tous les
sites réclamaient les mêmes informations. Mais vu le nombre de sites
e-commerce, il sera compliqué de mettre tout le monde d'accord.
L'idéal, selon les chercheurs, serait de détecter l'attaque
sur un numéro de carte au niveau des réseaux de paiement (Visa,
Mastercard, American Express…), car ils sont les seuls à avoir une
vision globale des transactions. Chez Mastercard, d'ailleurs, l'attaque
ne fonctionne pas. Les chercheurs supposent donc que ce réseau dispose
d'un système de détection approprié. Côté utilisateurs, en revanche, il
n'y a pas vraiment de solution. Sauf à remplacer sa carte Visa par une
carte Mastercard.
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